Se tendresser
Courir, courir et encore courir. Pour aller où au juste ?
Pour faire quoi ?
Courir toujours plus loin ?
Plus loin de qui ? de quoi ? de Soi ?
et que faire quand on ne peut plus courir ?
C'est là où les pensées s'affolent, ou le coeur tacchicarde, ou les tensions lâchent.
Quand le corps vous dit stop. Stop, tu arrêtes de courir, tu arrêtes de faire, de vouloir et d'attendre.
Stop.
Parce que l'énergie n'est plus là, parce que le sens n'est plus là, non plus.
Parce qu'il ne reste rien que l'instant présent.
Quand cette agitation cesse....
Ce n'est pas le calme qui arrive en premier.
Ce qui arrive en premier, ce sont toutes les choses que l'on n'a pas su, pas pu regarder en face, le parcours se dessine sous les yeux...
Il y a une phrase de Stephane Allix, que j'aime beaucoup "Quand tout hurle en vous, rien ne justifie que l'on n'écoute pas"
C'est exactement cela : Tout crie en dedans... et il n' y a que soi pour écouter.
Ce matin, après un réveil naturel hyper matinal, j'ai vu cette enfant intérieure, la petite fille que j'ai été. Ô, je lui ai déjà parlé maintes fois, je lui ai déjà écris, je l'ai déjà câlinée. Oui, j'avais déjà fait tout ça.
Mais ce matin, c'était différent.
Je l'ai reconnue.
Je lui ai dit Merci pour la Force qu'elle a su déployée pour compenser, pour être à la Hauteur, pour être normal comme les autres. L'énergie de dingue que ça lui a demandé. Et elle a fait ça toute seule, comme une grande. Sans qu'on lui demande rien. Parce qu'il fallait. Parce que même si tous les autres parlent chinois et que toi en dedans tu parles le poney, ben c'est que c'est toi qui a un problème. Alors, tu fais taire le poney, et puis t'apprends le Chinois, même si d'abord t'y comprends rien.
Et puis au fur et à mesure, à force de tendre vers ce monde extérieur extra-terrestre, tu ne tends plus vers toi.
Et un jour, tu te réveilles et il n'y a plus d'énergie, toute cette force déployée pour les autres n'existe plus.
Tout est brûlé, grillé.
Alors, tu te poses, et tu regardes, et tu ressens.
Ce matin, j'ai d'abord regardé cette puce aux yeux tristes, j'ai écouté son coeur flétri, son désespoir, son incompréhension, sa solitude.
Je l'ai prise dans mes bras, fortement, avec tout mon coeur épuisé d'aujourd'hui. Et je lui ai dit "MERCI", je lui ai chanté une berceuse comme j'avais appris en chant prénatal quand j'entendais mon deuxième enfant. Je lui ai redit MERCI encore une fois, et je lui ai dit
- "Je vois enfin toute Ta Force, toute Ton Energie. Sans cette Force, je ne serai pas là aujourd'hui. Tu as une Vitalité Extraordinaire, je vais en prendre soin. Mais là, maintenant, repose toi dans mes bras, je vais me reposer avec toi. On va se reposer à deux."
Et j'ai senti cette Enfant enfin relâcher les tensions. Les Bonnes, cette fois-ci. En toute confiance. Vous savez cette sensation de relâcher quand un enfant s'endort dans vos bras, celui là, oui.
Se ressourcer, c'est peut-être juste ça... se rejoindre en soi.
Alors, aujourd'hui, j'écris ce texte comme je l'entends, comme je le sens. Plus envie de répondre au dictat du nombre de mots, de mots clés, de trucs, de machins....
Juste comme je le sens. Avec mon langage à moi.